BOULOGNE-BILLANCOURT (Hauts-de-Seine) (Reuters) – Renault a annonc jeudi le retour d’un dividende pour la premire fois en quatre ans, signe d’une situation financire assainie et d’une confiance retrouve bien que la sortie du march russe ait replong le groupe au losange dans le rouge en 2022.

Aprs trois exercices sans versement aux actionnaires, et un dernier dividende suprieur 3 euros par action en 2019, le constructeur automobile franais va proposer le paiement d’un montant symbolique de 25 centimes d’euro par action sa prochaine assemble gnrale.

« Nous sommes sortis des urgences et de retour dans la partie, prts prendre notre envol et part la course », a dit le directeur gnral Luca de Meo au cours d’une confrence avec les analystes financiers.

« Les fondamentaux du groupe ont t assainis en profondeur et nous ne reviendrons pas en arrire. Les perspectives financires 2023 et le retour d’un dividende en sont la dmonstration », a-t-il ajout, cette fois dans un communiqu.

Vers 11h00, l’action cde 0,2% aprs avoir ouvert la sance en hausse.

Renault a accus une perte nette, part du groupe, de 338 millions d’euros en 2022, alors qu’il avait renou en 2021 avec un bnfice de 888 millions d’euros, chiffre retrait des activits russes, aprs deux annes dans le rouge et une perte historique en 2020.

La perte nette, part du groupe, de l’an dernier est en ligne avec les -310 millions d’euros du consensus de 22 analystes fourni par la socit.

Hors impact de la charge d’ajustement lie aux cessions des activits russes annonce en mai, quelques mois aprs l’invasion russe de l’Ukraine, le bnfice net des activits poursuivies de Renault ressort en forte hausse 1,62 milliard d’euros.

« Un quatrime trimestre trs solide et des prvisions 2023 suprieures au consensus », commente Barclays dans une note.

DOUBLEMENT DE LA MARGE

La stratgie de redressement du groupe, axe sur l’lectrique et la monte en gamme, lui a permis de porter sa marge oprationnelle 5,6% l’an dernier contre 2,8%, chiffre lui aussi retrait, en 2021. Renault compte poursuivre sur cette lance, avec pas moins de 18 lancements de vhicules sur les trois annes venir, et vise une marge d’au moins 6% en 2023.

Le constructeur table ensuite sur plus de 8% en 2025 et sur plus de 10% en 2030.

Ebranl par la chute de son PDG historique Carlos Ghosn en 2018 et l’chec de sa stratgie de croissance tous azimuts, Renault a engag une politique d’conomies drastique, fortement abaiss son point mort – le niveau de ventes partir duquel il commence gagner de l’argent – et s’est recentr sur ses marchs et ses modles les plus rmunrateurs.

Prcurseur de l’lectrique avec son partenaire Nissan au cours de la dcennie passe, il s’est galement vu dtrner par des nouveaux venus comme Tesla ou les ambitions de gants comme Volkswagen ou Stellantis.

Pour revenir dans la course, le constructeur automobile franais a multipli les nouveaux partenariats avec des acteurs de la tech – Google ou Qualcomm – ou avec le constructeur chinois Geely. Afin de renforcer son image d’un « pure player » de l’lectrique innovant, il veut aussi sparer ses activit de vhicules batteries et de logiciels de ses actifs historiques dans les motorisations thermiques.

Il a galement engag la refonte de son alliance historique avec Nissan et annonc qu’il rduirait sa participation dans Nissan 15%, contre 43,4% jusqu’ici, plaant 28,4% dans une fiducie en attendant de vendre des titres.

Il va paralllement renforcer sa coopration industrielle avec ses partenaires japonais – Nissan mais aussi Mitsubishi – en Inde, en Amrique latine et en Europe.

Celle-ci pourrait aider amliorer des ventes aux partenaires toujours en berne. Longtemps un des atouts du groupe au losange, elles ont encore pes hauteur de 545 millions d’euros sur le chiffre d’affaires de l’automobile en 2022 cause de la baisse des ventes de diesel et l’arrt de la production par Renault de fourgons pour Opel et Fiat, dsormais deux marques du concurrent Stellantis.

(Reportage Gilles Guillaume, avec Ingrid Melander, Tassilo Hummel et Bertrand Boucey Paris, dit par Jean-Michel Blot, Kate Entringer et Blandine Hnault)

par Gilles Guillaume